Du plus loin de je puisse me rappeler, j’ai toujours connu Penelo. Penelo est mon amie d’enfance, ma meilleure amie, et bien la seule qui vécut à mes côtés tout ce que nous avons traversé. Elle et moi avons grandi dans le secteur de Lowtown de la ville royale Rabanastre, Lowtown étant le quartier pauvre, souterrain, de cette ville grandiose. Bien que l’on vivait dans ce trou avec nos familles respectives, nous partions souvent jouer dans la cité et même dans les déserts à son extérieur pour passer le temps. Les années ont passé si vite dans ce temps et je m’étais inconsciemment attribué un comportement protecteur à l’intention de ma meilleure amie, âgée d’un an de moins que moi. Personne ne pouvait lui faire du mal sans en payer le prix, voilà. On ne touche pas à ma Penelo, compris? 8D

Effectivement, personne n’y toucha. On s’en prit plutôt à mes parents. Alors que je venais depuis quelques mois déjà de célébrer mon douzième anniversaire, mes parents tombèrent gravement malade. La peste avait envahi Rabanastre et beaucoup de gens, surtout les pauvres et les vieux de la capitale, succombaient à cette maladie. Au début, j’étais sûr qu’ils allaient s’en remettre— d’ailleurs tout le monde en était sûr —mais l’impuissance se lut progressivement sur leur visage. Eh oui, je m’attendais à quoi, moi? Que soudain, du jour au lendemain, mes parents soient capables de courir le marathon de la semaine? Faut croire que j’avais bien des faux espoirs, puisqu’après un peu plus d’un mois, Reks et moi étions seuls. Orphelins. Reks était mon grand frère, honorable et optimiste, et malgré l’énorme perte que nous venions de vivre, il sut bien s’occuper de moi. Je lui en ai toujours remercié. Dans toutes ces larmes, aussi, Penelo était là pour nous. Tant que ses parents décidèrent de nous adopter, Reks n’étant même pas majeur. Dans ces temps durs, je tentai, tout comme mon grand frère, de garder le sourire. Après tout, chacun dans cette ville flanchait déjà sous leur propre malheur, alors à quoi aurait-il servi de leur ajouter le mien?

Alors c’est quoi là maintenant? Vous pensez que tout va bien aller maintenant? On est dans Final Fantasy, l’histoire des gens est jamais heureuse voyons! Si on est en plein milieu du texte là, vous croyez que le reste va parler du p’tit poney sur son arc-en-ciel? Bref, effectivement, les larmes ne sont pas terminées. Autant mieux spécifier qu’un bon deux ans et demi passa dans lesquelles la famille de Penelo, Reks et moi vivions dans un bonheur agréable. J’avais toujours considéré Penelo comme ma sœur et sa famille comme la mienne, alors nous nous entendîmes très bien, malgré que rien au monde ne réussirait à combler cette petite partie dans mon cœur que seuls mes parents avaient occupée. Bien évidemment, il fallut que ce bonheur prenne subitement fin un jour alors que la guerre entre l’Empire Archadia et l’Empire Rozzaria avait éclaté. Une guerre, en sa propre définition, consistait à attaquer l’ennemi, mais Dalmasca, notre pays, se retrouvait entre les deux contrées oppressées. Rabanastre, la sublime capitale de Dalmasca, devint le champ de bataille des deux empires. Ainsi, dans une terrible impression de déjà-vu, les parents de Penelo ainsi que son frère rendirent l’âme suite à un bombardement furtif. J’ai tenté du mieux que je pus pour l’empêcher de pleurer, mais je savais très bien par expérience que ça ne changeait pas grand-chose.

Les temps étaient noirs. Autour de nous, beaucoup mourraient à cause de la guerre entre Archadia et Rozzaria. Penelo, Reks et moi avions perdu nos parents. Nous étions tous bons pour l’orphelinat (encore) et, on dirait par chance, Migelo, un ami des parents à Penelo, nous pris en charge tous les trois. Je m’estimais chanceux de ne pas me retrouver démuni (encore u.u) et de ne pas être séparé de Penelo et Reks, les derniers êtres chers qui me restaient. Pourtant, j’avais peur quant à l’avenir, car tout semblait aller de pire en pire. J’en avais marre de débuter chacune de mes journées en apprenant le trépas d’une personne que je connaissais. J’en avais marre de ce malheur autour de moi. Toutes ces pensées négatives, je les gardais pour moi seul, clamant plutôt qu’un grand bas amenait toujours par la suite un grand haut. Après tout, un semblant de paix s’était installé à Rabanastre depuis qu’Archadia, le pays au Nord, avait pris contrôle de Dalmasca. Je dus pourtant me retenir de hurler après mon frère lorsqu’il fit la bêtise de rejoindre l’armée de Dalmasca. N’avait-il pas compris que guerre égalait la mort? Une partie de moi était assurée que rien ne pouvait le terrasser, mais la partie opposée semait un grand doute dans mon assurance. Reks était parti en mission à la forteresse de Nalbina pour protéger notre roi, et ce fut fatal pour mon frère. Il revint à Rabanastre, à l’hôpital, cruellement poignardé par qui semblait l’honorable Basch fon Ronsenburg, un des guerriers les plus fidèles du roi de Dalmasca. J’eus beau aller le voir chaque jour, tenter tout pour lui, de sa bouche ne sortit que le témoignage de la trahison du guerrier et de l’assassinat du Roi Raminas de Dalmasca. Et, Reks mourut à son tour.

Pendant une bonne semaine, je ne savais plus où j’en étais. Trop de personnes étaient mortes ces dernières années. S’il n’y avait pas eu cette stupide guerre qui ne nous concernait même pas, la ville n’aurait pas été malade, mes parents ne seraient pas morts. S’il n’y avait pas eu cette stupide guerre, un raid n’aurait pas tué la famille de Penelo. Et s’il n’y avait pas eu cette stupide guerre, mon frère ne serait pas parti se faire assassiner par un traître. Il y avait tant de gens à blâmer que ça me rendait fou. Fou de rage. Un jour, j’allais faire payer à Basch fon Ronsenburg la mort de Reks et à l’Empire d’Archadia toutes les autres victimes de la guerre. Mais pas tout de suite ( :’D). Je devais apprendre à combattre, oui. Et je devais protéger Penelo. Penelo… Personne n’allait lui faire de mal, elle n’allait pas subir le même sort que toutes les autres personnes chères à mes yeux, qui ont péries.

Le temps passa et je repris une vie normale. J’entretenais la boutique de Migelo avec Penelo et de nombreux orphelins dûs à la précédente guerre. Ces jeunes me vouaient une admiration étrange mais très flatteuse, et je m’attachai rapidement à eux. Penelo et moi s’attribuâmes, au fil du temps, un comportement très protecteur envers ces plus jeunes qui avaient connus un destin similaire au nôtre. Bon, pour ma part, je dois avouer que j’en ai quelque peu, juste un peu là, pas trop profité, mais c’était pardonnable et parfaitement explicable… bref, ça ne leur dérangeait pas de se taper à ma place le boulot que Migelo m’avait attribué. Ces petits voulaient être comme moi, alors… ils pouvaient bien faire mon travail, walà s’était comme s’ils étaient à ma place! Ça ne se savait même pas en plus, et ça me permettait de tranquillement m’entraîner au combat dans les égouts de la ville. Bah, disons que j’avais pas le choix de plusieurs endroits, et ces égouts étaient plutôt sympas, jolis et un peu propres. En plus, il y avait même des rats pas sympas à éradiquer. Finalement, cette petite routine passait inaperçue, je volais même occasionnellement de l’argent aux gardes du détestable Empire d’Archadia, nombreux à patrouiller la capitale, pour rapporter un peu plus d’argent. Ça allait bien, quoi.

Puis, un jour, à la boutique de Migelo, un homme me proposa une quête dans le désert de Dalmasca. J’avais le goût d’aventures, que voulez-vous, alors j’ai pas pu refuser. Bon bon, j’étais pas tout à fait complètement un chasseur— détails, détails… —et cet homme avait désespérément besoin d’aide. Éliminer une tomate effrayante dans un désert, c’était un début. C’était la preuve que mon entraînement dans les égouts de la ville avait porté fruit. J’étais donc parti à la hâte, sans tenir compte de la fête en l’honneur de l’arrivé en ville du Consul de l’Empire Archadien. Pourtant, j’aurais dû puisqu’à mon retour à Rabanastre (j’avais accompli ma quête bien sûr, vous pensiez quoi là? 8D), les portes étaient closes pour le temps des célébrations. Je devais absolument entrer, voyez-vous, et j’ai instinctivement entretenu une conversation pimentée avec un garde Archadien afin de le convaincre de me laisser passer. Heureusement, avant que le tout tourne mal, Migelo et Penelo sont arrivés porter secours et m’ont fait entrer dans la ville. Penelo me connaissait que trop bien, elle avait prévu que j’attirerais probablement peut-être un peau beaucoup, mais juste un peu là, de troubles en m’absentant quelques temps. Pffff… Mais bon, je fus très content de la voir. J’eus par contre à peine le temps de la remercier : Je ne devais pas manquer ce visage austère que je m’étais promis d’haïr à tout jamais. Le Consul. Vayne. Cet Archadien qui semblait promettre un avenir meilleur qui avait un goût amer à mes yeux.

Après ce jour, l’idée de me venger de l’Empire me hantait sans cesse l’esprit. Trop, d’ailleurs. Il nous en avait tant enlevé que le peuple se devait d’en réclamer un dû. Je devais reprendre ce que l’Empire nous avait enlevés. Maintenant. Même si Migelo m’avait prévenu de me faire oublier quelques temps suite à ma dispute avec le garde, j’ai fini par me faufiler dans le Palais Royal de Rabanastre lors d’une fête qui s’y déroulait. J’allais voler un des biens les plus précieux de l’Empire dans leur trésorier, voilà l’idée de génie qui m’avait traversé l’esprit. Comme je l’ai dit, comme je l’ai fait, je me suis emparé de la Goddess Magicite, une pierre dorée qui produisait une étrange lumière. Nah, je l’ai pas pris parce qu’elle était dorée, TOUT était doré dans cette pièce… Disons que lorsqu’une étrange statue s’ouvre par elle-même lorsque l’on approche et qu’elle tend un joyau magnifiquement présenté... on peut pas croire qu’elle vaut de la poussière, cette roche-là franchement. Je ne semblais pas être le seul à croire cela aussi. C’est dans le trésorier du château que j’ai rencontré pour la première fois Balthier et Fran. En dignes pirates, ils désiraient eux aussi le caillou. J’eus beau semer ces étrangers, mais je fus contraint de m’allier à eux, des pirates, afin de sortir des égouts dans lesquels nous avions accidentellement abouti. C’était, dans un certain sens, émoustillant d’être associé à des pirates : Je me sentais plus proche de mon rêve que jamais jusqu’à présent. Un jour, j’allais moi aussi devenir un pirate de l’air et être aux commandes de mon propre vaisseau, de ma propre vie, et je serais libre d’aller vers où bon me semble. J’allais être en contrôle de ma vie, surtout. Pourtant, le plaisir de cette petite alliance fut de courte durée puisque les gardes impériaux nous coincèrent. Je n’ai aucune idée ce qu’ils pouvaient bien faire dans le soubassement alors que la ville en tant que telle requérait beaucoup plus d’attention que ce coin miteux évacuant l’eau. En fait, peut-être étaient-ils à la recherche d’Amalia, une étrange jeune fille que nous avions croisée sur notre passage (j’ai parfaitement le droit de la trouver étrange là : Des égouts, ça reste des égouts, pas une autoroute ou un club, alors qu’on y croise quelqu’un, c’est étrange). En ce moment-là, je ne savais pas ce qu’il allait advenir de moi. Une fois que l’Empire mettait la main sur quelqu’un, rares étaient les fois où on la revoyait. Je n’étais pas inquiet pour moi, mais pour tous les autres, pour Penelo que j’allais laisser tomber. Seulement en imaginant les différents scénarios conséquents, les remords grandissaient en moi. Comme j’étais stupide. Dire que ce plan m’avait semblé sensé, de m’infiltrer dans ce château. À croire que je n’avais jamais imaginé me faire prendre. J’étais stupide, tellement stupide. Au moins, les gardes, probablement encore plus stupides que moi, n’avaient même pas remarqué que je détenais la pierre précieuse dorée du trésorier.

Puis, cette voix. Je me retournai vivement vers elle. Arrêtés, Balthier, Fran et moi étions amenés par les gardes, venant tout juste d’aboutir à Lowtown en sortant des égouts. Plus loin, derrière moi, Penelo. Elle accourait en notre direction. Je me dégageai vivement de l’emprise d’un garde, toute mon attention fixée, concentrée sur elle, elle, ma meilleure amie. Après la fête en l’honneur du Consul, je lui avais promise que je ne ferai plus de bêtises. Je n’avais pas l’air prometteur en ce moment. J’étais stupide, quoi. Je ne savais pas quoi commenter en plus, seule une excuse pitoyable parvint à sortir de ma bouche. Je n’eus à peine le temps de relever les yeux sur Penelo qu’un garde derrière moi m’asséna un violent coup sur la tête. Lowtown devint noire et silencieuse.

En me réveillant, il faisait froid. Ce froid, je ne l’avais jamais senti auparavant. Peut-être étais-je dans les donjons de Nalbina, là où nous étions supposés être enfermés. Je me levai, malgré mon étourdissement, à la recherche de Balthier et de Fran. J’avais toujours la pierre magique avec moi, alors ils ne devaient pas être bien loin. Les alentours étaient déserts et… étranges.