Allumé … Eteint … Allumé … Eteint. Ca faisait une demi-heure que j’étais assise dehors sur des caisses en bois, à l'arrière de l’atelier mog … à m’amuser à faire apparaitre et disparaître des flammes de ma main – et à m’épuiser presque pour rien en passant. A priori, c’était la seule magie que je savais utiliser, mes compétences de combat restaient sur le corps-à-corps avec mon épée. J’avais découvert cette capacité de justesse lorsqu’un ennemi s’apprêtait à me tomber dessus par surprise. Le pauvre avait eu la surprise de sa vie ! Et moi aussi au passage. Ca n’est pas si surprenant dans le fond que je sache utiliser le feu, ca convient parfaitement à mon caractère ! Mais à quoi ca me servait dans mon « ancienne vie » ?

Je me décidais enfin à arrêter de jouer les clignotants lorsque la porte de l’atelier s’ouvrit pour laisser apparaitre un mog. Sans surprise de ma part, je l’avais attrapé pour le prendre dans mes bras et appuyer sur son pompon … mais l’animal se débattait un peu trop à mon goût.

- KUPO ! Ras le pompon !! Arrête d’appuyer dessus, Katty, kupo !!

A force de venir squatter dans leur atelier, ils me connaissaient à force.

- C’est trop tentant, j’y peux rien.

Ces créatures étaient fascinantes ! Adorables, mignonnes, de quoi rendre gaga n’importe quel gosse … et elles avaient des capacités de forge surprenantes. Mais moi, grande enfant que je suis, je préfère largement aller les embêter plutôt que leur confier mon arme ou divers équipements. En fait, j’avais beaucoup de mal à prendre ces mogs au sérieux. « Vas donc embêter quelqu’un ailleurs ! » qu’il me balançait avant de faire demi-tour pour s’enfermer à nouveau.

- Ils sont marrants eux … Pas moyen de franchir la porte d’un autre quartier sans se faire agresser et je sais même pas comment quitter ce trou paumé.

Soupirant, je me levais d’un bond et passais ma main partout pour retirer les poussières de ma veste noire. Pour je rattachais correctement mes longs cheveux en queue de cheval, à l’arrache, au point que j’avais deux mèches qui me pendaient devant le visage. J'eus tôt fait de les dégager. En fait, je m’ennuyais assez, personne ne semblait d’accord pour se faire embêter … ! Je m’approchais de la porte du deuxième quartier, mais un bruit suspect m’arrêta dans ma course. Dans un réflexe, j’avais déjà dégainé mon arme – à tort – en pensant que ces créatures des ténèbres avaient franchi la porte. Mais je me trompais. Un peu trop sur la défensive, je sais !

Qu’est-ce qu’on s’ennuiiiiiie ici ! Heureusement, semblerait-il que quelque chose allait un peu casser la monotonie de cet endroit. A force de voir les mêmes têtes et faire les mêmes blagues stupides, on se lassait très vite. Et c’était encore plus agaçant pour moi de tourner en rond ici alors que je savais que cette ville ne m’apporterait pas les réponses que je cherchais. La seule chose que j’avais apprise ici, c’est à rester en alerte. Le Premier Quartier de la Ville de Traverse était, à priori, le plus sûr, mais il y avait tellement d’ennemis ici qu’il fallait apprendre à rester sur ses gardes sitôt les portes passées. Sauf que là, quelque chose avait attiré mon attention à l’approche de la porte et je m’étais retournée, arme en main, prête déjà à agresser le premier qui me sauterait dessus ! Mais je me trompais, c’était simplement un homme vêtu de noir … qui n’hésitait pas à me faire remarquer que ce n’était pas très gentil d’agresser les gens comme ca.

- Ce n’est qu’un malentendu, j’ai cru que ces foutues créatures avaient réussi à passer la porte.

Aussi, je rangeais l’épée dans son fourreau aussi vite que je l’avais sortie. Je n’avais pas lâché l’individu des yeux toutefois, pour la simple et bonne raison que je le trouvais intrigant. C’est quoi cette tenue ? Elle était si sombre … à l’image de cette ville. Il pensait pouvoir se fondre dans le décor et éviter les ennemis ainsi ? Dommage, camouflé ou pas, les Heartless arrivaient quand même à sentir le cœur des gens. Enfin cela dit, j’ignorais qu’il n’en avait pas, de cœur. Voilà qu’il se retournait pour commencer à s’éloigner. Hep !!

- Hey ! Mais pars pas comme ca !!

Une nouvelle cible à enquiquiner, je n’allais pas laisser passer ca ! En plus, je ne crois pas avoir déjà vu une personne vêtue de cette façon par ici. C’est quoi cet accoutrement à la fin !?

- Que tu portes un manteau à la limite ca passe. J’en porte bien un après tout. - Mais pourquoi tu gardes ta capuche ? Il pleut pas hein.

Je m’approchais, la curiosité était un vilain défaut, je sais, mais je crois que n’importe qui à ma place serait intrigué par un type pareil. Je me penchais même, calquant mes pas sur les siens pour pouvoir le suivre. J’essayais d’apercevoir son visage en réalité, mais l’obscurité des lieux n’aidait pas. Pourtant j’étais à bonne hauteur, en fait, j’étais assez grande comme jeune femme, mais là j’avoue qu’à côté, je me sentais vraiment petite.

- Tu te caches ? T’es nouveau ici ? T’as peur ?

Ah Katty, quand tu commences, tu ne t’arrêtes plus. Avec tout ca, j’en oubliais les présentations. Mais avec moi, les politesses, ca vient toujours après.

Cette rencontre était juste un malentendu et pourtant, l’apparence comme les propos de cet individu – un homme de toute évidence, à en juger par sa voix - étaient intrigants. J’avais parfaitement conscience que je pouvais être énervante et vous savez quoi ? C’est justement pour ca que ca m’amusait. Il faut dire qu’une tête inconnue, même si je ne la voyais pas, ma curiosité prenait le dessus. Je voulais en savoir plus ! Et qui sait, peut-être en fait qu’il pourrait m’aider. S’il venait d’ailleurs, il pourrait peut-être me dire comment quitter ce trou perdu pour rejoindre d’autres mondes. Enfin, s’il daignait bien vouloir faire la conversation et cesser de me donner cette impression qu’il a envie d’aller se planquer dans le premier coin sombre qu’il voyait.

Mais ! Car il y avait un mais, il s’arrêta enfin, et j’en faisais de même. Enfin presque, je le contournais légèrement de sorte à mettre devant lui, une certaine façon de lui barrer la route en somme. Une main sur la hanche, je l’écoutais répondre à toutes mes questions d’une traite, ce qui accentuait cette sensation qu’il cherchait à s’esquiver à tout prix. Il le disait lui-même d’ailleurs, il « voulait être oublié ». Pas de pot d’être tombé sur moi mon gars. Mais j’avais surtout eu un bug sur le fait qu’il raconte ne plus exister.

- Si tu n’existais pas, tu ne serais pas devant moi à l’heure où je te parle. Va pas me dire que j’aie des hallucinations, ca fait deux jours que je suis sobre ! Manquerait plus que j’aie des amis imaginaires tiens…

Marmonnais-je. N’ayant aucune connaissance sur les Similis, et par extension de l’Organisation XIII, je ne pouvais pas vraiment savoir de quoi il parlait. J’avais gardé un sourcil haussé, plus ca allait, plus je trouvais ce type vraiment bizarre ! Un peu trop mystérieux à mon goût. J’ai dû être flic ou détective dans ma vie, ou je ne sais pas, mais les mystères, j’ai envie de les découvrir. Les énigmes, j’ai envie de les résoudre. Les choses ne s’arrangèrent pas lorsqu’il me parla des politesses, avant de prononcer mon nom d’un ton ironique … j’avais – encore – haussé un sourcil intrigué, d’où est-ce qu’il tient mon nom celui-là ? Je réfléchissais rapidement alors qu’il reprit son chemin, j’avais croisé ce type juste devant la porte du quartier voisin, derrière l’atelier … oh. Cet abruti de mog a crié mon nom si fort que tous les voisins avaient dû l’entendre. Je me tapais le front avant de me retourner pour le suivre, une main sur la hanche. Je n’avais pas fini !

- Il faut croire que je n’ai pas vraiment besoin de ca si tu connais mon nom.

Lentement, je descendais les marches à mon tour, non sans arborer un sourire à la fois amusé et moqueur.

- Les politesses, ce n’est pas trop mon truc, tu m’excuseras.

Je m’arrêtais au milieu des marches, pas très loin derrière lui donc, mais de là, je pouvais le voir de toute ma hauteur … c’est pas tout mais ce mec a dû manger trop de soupe quand il était petit, il était vachement grand. Bref. Si cet insupportable sourire – vous savez, celui qui donne envie de distribuer des baffes – persistait à rester là, je prenais un air un peu plus arrogant. Qui sait ? S’il est un tantinet impulsif, ca le fera réagir.

- Ca n’a pas l’air d’être le cas pour toi non plus, apparemment. En fait, je crois même que depuis que je suis ici, c’est la première fois que je rencontre un mec aussi peu sociable ! Je ne vais pas te mordre hein. Tu pourrais même peut-être m’aider, qui sait …

Enfin euh pour la morsure … ca, ca dépend en fait. Plus ca allait, plus je m’interrogeais. Il n’est pas nouveau ici … ca veut dire qu’il est là depuis longtemps ? Il a perdu son monde lui aussi ? Oh peu importe. Je veux juste savoir qui c’est et s’il peut m’aider à quitter cet endroit. Marre d’être cloîtrée dans une ville qui ne m’aide en rien et de ne pas pouvoir faire un pas dans les autres quartiers sans être agressée. Je sais me défendre, certes, mais plus on élimine ces sales bêtes qu’étaient les Heartless, plus il y en a d’autres qui apparaissent. C'est éreintant.

Spoiler:

Une chose était certaine concernant cet inconnu, il semblait avoir un sacré caractère. Il ne se laissait pas faire, il me répondait tout de suite tout en réussissant à ne pas me donner la réponse que je voulais. Il ne se laissait pas tirer les vers du nez et j’avais conscience que j’étais en train de le retenir dans ce qu'il voulait faire. Mais que voulait-il faire au juste ? Il semblait se diriger sur la place et fixait la porte du Troisième Quartier. Là-bas ? C’était dangereux. J’essayais bien diverses manières pour qu’il se fasse un peu plus sociable, même si je me savais très agaçante dans ces situations – et le pire c’est que je m’en fous – mais je parvenais à acquérir un poil d’attention en prononçant le verbe « aider ». Ah que ce mot était magique.

Toujours ce sourire arrogant sur les lèvres, je me rapprochais lentement en écoutant ce qu’il avait à répondre. Sauf que lui aussi prononça le mot magique qui avait le don de m’agacer au plus haut point. Pas le temps de s’occuper des « gamins ». Il vient de me dire que j’étais une gamine là ? Plissant des yeux, j’ignorais sa question, j’étais bloquée sur sa première phrase. La contrariété était lisible sur mon visage, on avait l’impression de voir une cocotte-minute sur le point d’exploser. Les poings serrés, je ne manquais pas de répliquer, trop impulsive pour garder mon calme.

- Dis-moi encore une fois que je suis une gamine et je me ferai une joie de mettre en lambeaux ton joli manteau. Et ce ne sera pas un accident cette fois. Ou alors je le brûlerai … Je sais pas encore.

Non mais c’est vrai quoi, ok j’ai un caractère de merde qui fait que, j’aime m’amuser, mais je suis une adulte et je suis capable de le démontrer dans les situations sérieuses. Bref. Bravo Katty, grâce à ton impulsivité, tu viens sûrement de mettre toutes tes chances à plat ! Les menaces, ce n’est pas la meilleure façon de se faire des amis et c’est peut-être pour ca que le type au manteau noir vient à me dire clairement au revoir. Mais il avait bien deviné que je voulais quitter cet endroit. Mais, le voyant s’éloigner, je commençais à laisser ma colère de côté.

- Attends !!

Il ne va pas me faire gober qu’il était ravi de m’avoir rencontrée, ca puait le cynisme à plein nez. Pressant le pas, je lui barrais la route du Troisième Quartier. Ah oui je sais, il va se dire que je suis VRAIMENT pénible.

- Ok ok. Désolée d’être si impulsive mais eh, c’est de ta faute aussi ! Je prenais une moue un peu boudeuse avant de soupirer et baisser la tête. - T’as vu juste, j’ai envie de me tirer d’ici. Vois-tu, contrairement à la majorité des personnes ici, j’ai perdu la mémoire à la destruction de mon monde, je n’ai donc aucune idée de comment je suis arrivée, ni même de comment je pourrais repartir ! Je te demande pas de m’embarquer avec toi si tu sais comment partir, juste de me dire comment tu fais !

C’était difficile de rester cloîtrée ici avec une amnésie en prime. Je n’avais souvenir ni de mon monde, ni de ma famille, ni même de mes amis. Si je fais mon regard trop mignon de la fille trop choupi, ca marchera vous croyez ? Non, aucune chance je pense, même si je suis bien placée pour savoir qu’une femme avec de bons atouts peut manipuler n’importe quel mec avec une facilité déconcertante. J’en étais capable et je le savais, mais si j’avais voulu jouer cette carte, je l’aurai fait dès le début. Là, plus de risques que ca marche vu comment je lui ai cassé les pieds depuis tout à l’heure. Bon par contre, pour la question de ce qu’il aurait en échange … Je croisais les bras et me mettais à réfléchir.

- J’ai un peu d’argent …

Mais serait-ce suffisant ? Tout de même, si j’étais prête à payer pour une information dont je n’étais pourtant pas sûre qu’elle soit fiable, il devait bien voir que c’était parce que ca m’embêtait vraiment de rester dans le coin, au point que j’en étais désespérée. Cette ville ne m’apportait rien du tout et les autres habitants savaient très bien qu’ils ne reverraient jamais leur monde. Si bien qu’ils préféraient ne pas chercher à partir et à s’installer plutôt ici. Je cherchais sur moi ma bourse mais à force de faire bouger mon manteau, je révélais le fourreau de mon épée et une nouvelle idée me vint en tête. Je tournais la tête pour regarder la porte derrière moi du coin de l’œil, puis observais à nouveau l’individu.

- … Et je sais très bien me battre aussi. Tu te diriges par là non ? Et vu ce que tu m’as dit tout à l’heure, tu es conscient que c’est dangereux, n’est-ce pas ? J’ignore où tu te rends, mais ma lame peut être tienne et mon corps ton bouclier, le temps de t’escorter si tu le souhaites.

N’ayant vraiment aucune idée de sa véritable mission, j’espérais que ca marcherait. Cette fois, j’étais sérieuse, pas de tour de passe-passe, de moqueries ou de n’importe quelle gaminerie. Bref, qu’il ne me fasse pas le coup non plus du « protégé par une femme ? Et puis quoi encore ! » car je l’embroche pour de bon sinon !

Advienne que pourra, j’étais prête à tout pour quitter les lieux. Je pense qu’à force, même mon interlocuteur l’avait deviné, j’étais tenace et je n’abandonnais pas aussi facilement. Une excellente qualité dans certaines situations, un défaut très agaçant, dans d’autres. Bref. Je fus déçue d’entendre qu’il ne pouvait pas m’expliquer comment aller d’un monde à l’autre, mais il disait qu’il pouvait par contre me faire changer de monde lui-même. Oh ? Il était donc revenu sur sa décision ? Ou ma proposition avait-elle joué un grand rôle pour le convaincre ? Peu importe, l’essentiel, c’est que le marché soit accepté ! En effet, si je l’accompagnais jusqu’à l’autre bout du Troisième Quartier, il m’emmènerait ailleurs et je me mis à sourire avec une satisfaction visible à des kilomètres.

- Marché conclu ! Et pas d’entourloupe hein !

J’attrapais sa main pour sceller l’accord, mais j’eus comme un flash dans ma tête qui dura à peine une microseconde, où je me voyais serrer la main de quelqu’un de la même façon. Je n’avais pas eu le temps de voir qui, mais cette petite seconde fut suffisante pour me troubler au plus haut point. C’est dur de n’avoir que des bribes de souvenirs. Enfin bon, j’essayais de ne pas paraître trop déstabilisée et souriais à nouveau pour tourner les talons, prête à franchir la grande porte de bois.

- Je ne te demanderai pas ce que tu veux et vas faire là-bas, c’est pas mes oignons. Par contre, tu n’es toujours pas décidé à te présenter ?

Une pointe de moquerie dans la voix tout de même – on ne me changera pas si facilement – vis-à-vis de sa propre remarque plus tôt. Je ne m’étais pas présentée dans les règles de l’art, mais lui non plus après tout. J’insistais un peu, mais c’est surtout qu’à cet instant, je me promettais désormais de n’oublier ni le visage, ni le nom des personnes qui m’aideraient d’une façon ou d’une autre dans mon voyage, et dans ma quête de mes souvenirs perdus …

- Bon allons-y. J’espère que ce sera calme, la dernière fois, il y avait trois tonnes de ces voleurs de cœurs dans ce quartier. Mais bon, on sait tous que la vermine, c’est tenace.

Cette fois, pour de bon, je m’approchais pour ouvrir la grande porte du Troisième Quartier. Oui c’est vrai, il y avait tellement de Heartless la dernière fois, nous étions quelques-uns à combattre mais j’avoue que je n’avais pas trop fait gaffe aux autres combattants. J’étais trop occupée à essayer de sauver mes propres miches, et mon cœur surtout.

Bon, rendez-vous dans le Troisième Quartier, j’étais passée la première, et si dans un premier temps, il n’y avait rien à l’horizon, très vite, un groupe de Heartless fit son apparition sur la place. Ils venaient par conséquent d’encercler l’inconnu qui s’était dirigé par-là, alors que ce dernier avait visiblement décidé de se présenter. Pas le bon moment non, mais ce n’était pas lui qui avait choisi le bon moment pour se présenter, c’était eux qui venaient se mettre en travers de notre conversation ! Bon au moins je savais qui il était, et cadeau supplémentaire, j’avais même le privilège de voir son visage – notez l’ironie de la phrase. Axel. Difficile de passer à côté de sa tignasse flamboyante et ses yeux émeraudes, la prochaine fois que je le croiserai – si prochaine fois il y a – je saurai le reconnaître. Surtout sa tignasse en fait. C’est un peu comme ca, quand on a des cheveux comme les nôtres, c’est difficile de passer inaperçu et je comprends mieux pourquoi il se dissimulait sous une capuche. Mais ... WOW, comment il a FAIT pour rentrer AUTANT DE CHEVEUX dans sa CAPUCHE !? Hein ? Comment ca l’heure n’est pas aux commentaires ? Ouais vous avez raison. Hum. Si ses armes étaient peu communes et ma foi, intrigantes, ce n’était pas le moment de s’interroger. Dans un réflexe, j’avais l’épée en main, dans une posture de combat, prête à m’en servir. On s’était donc déjà croisés lorsqu’il y avait eu l’armée de ces choses-là qu’il disait …

- Possible. J’avoue que je n’ai pas fait gaffe aux autres combattants, je surveillais surtout mes arrières. J’ai juste retenu que ca avait bien chauffé pour eux ce jour-là ! Littéralement. - Mais j’ai presque envie de pleurer quand je vois qu’ils reviennent en si grands nombres même après avoir été vaincus !

C’était cynique, je n’allais pas me retrouver en larmes à cause de ca même si oui, par contre, il était vrai que c’était assez décourageant. Bref, concentre-toi Katty, tu as un deal à respecter ! On se rendrait compte bien vite que j’étais à l’aise en combat pour quelqu’un qui avait perdu toute sa mémoire, c’est bien l’une des choses qui m’avait surprise la première lorsque j’ai atterri ici. C’est comme si c’était inscrit dans mes gènes. Etais-je un mercenaire ? Un soldat bossant pour une armée ? Un assassin ? Je n’en avais aucune idée, mais ca laissait à penser que je travaillais autrefois dans un domaine qui nécessitait de se battre souvent car j’en avais gardé les réflexes et les gestes.

Toujours est-il qu’il fallait s’occuper de ce groupe d’ennemis avant que ca n’en alerte d’autres et qu’on se retrouve coincés devant une nouvelle armée de ces mochetés. Axel ne s’était pas fait prier pour se jeter le premier sur eux et s’il avait une façon de se battre intéressante, je n’avais pas la tête à l’observer à ce moment-là. J’essayais déjà de parer et de riposter face aux soldats qui me fonçaient dessus, interposant mon arme devant l’un d’eux pour bloquer son attaque, et je me servais d’un coup de pied bien placé pour l’envoyer valser plus loin avant de me retourner pour en trancher un qui arrivait par derrière. J’essayais de me défendre comme je pouvais tout en guettant les tous gros qui ne m’inspiraient pas du tout confiance, perso, je n’ai pas envie de me prendre une mandale de leur part. Mais j’entendais Axel derrière moi qui me conseillait plutôt de m’en prendre aux créatures volantes, selon lui bien plus dangereuses en groupe. D’ordinaire, j’aurai dit que je n’avais pas d’ordre à recevoir, mais non seulement il avait raison, mais en plus, je n’avais pas la tête à débattre sur une tactique de combat dans ce genre de situation. Tu fonces, tu frappes, tu improvises, tu fonces à nouveau !

Aussi je prenais de l’élan pour sauter sur le bidon d’un des rondouillards pour bondir plus haut et trancher la créature volante la plus proche, mais c’était sans compter sur les autres qui lui tenaient compagnie. L’une d’elles me griffa l’épaule, l’autre me loupa de très près et ne fit que passer sa patte dans mes cheveux en m’arrachant mon ruban au passage. Je retombais maladroitement sur le sol, déstabilisée par la douleur à mon épaule, mais ca allait. Je n’allais pas en mourir quoi. Par contre pour le reste, je ne m’en rendais véritablement compte qu’au moment où je sentais ma longue chevelure reprendre son poids habituel.

- Hoy hoy, y a d’autres manières de me dire que j’ai besoin d’aller voir un coiffeur.

Plus urgent, je détournais le regard pour voir qu’Axel était entouré par les monstres bleus. Ah non !!! Ne m’abîmez pas mon moyen de quitter les lieux !! A en juger par leurs attaques, ils étaient affiliés à la glace, par déduction, leur faiblesse devait être le feu. Huhu, pauvres bestioles ! Je tendais le bras en direction de l’une d’elles pour faire jaillir une boule de feu qui alla s’écraser puis exploser sur ma cible au moment de l’impact. Je profitais de la fumée pour passer et revenir vers Axel. Je lui avais dit que je serai son arme, mais aussi son bouclier non ? J’étais peut-être joueuse et fourbe, mais les promesses, je sais les tenir.

- Tu tiens le coup ? Essaie de ne pas trop amocher ton joli minois, j’ai rien pour soigner et à part le feu, je ne sais pas utiliser la magie.

Ce serait bête que l'un de nous succombe après le marché que nous avions fait! Bon, où en étions-nous ? J’avais l’impression d’être une femme de ménage, vous nettoyez la maison à fond, pour recommencer quelques jours plus tard car la poussière sera revenue. De la vermine, vous disais-je.

Pas le moment de clamser, t’es mon ticket de sortie mon gars. Ces créatures étaient tenaces et surtout en surnombre. Ils tentent vraiment le tout pour le tout pour voler le cœur des gens hein ? S’ils avaient tant envie de mourir, tant pis pour eux. Je m’assurais de l’état d’Axel, même si mes yeux restaient rivés sur nos adversaires, les regardant tous à tour de rôle pour guetter leurs mouvements. Me montrer de vraies flammes ? Si je ne me retournais pas vers lui, je haussais tout de même un sourcil en m’interrogeant … jusqu’à ce qu’effectivement, d’imposantes flammes apparurent pour bloquer toutes les issues, et que le sol devint une fournaise. J’eus un léger mouvement de recul, comme si craignais de me brûler les pieds, mais je me rendis compte bien vite qu’il avait calculé le coup pour que je ne sois pas affectée. Pas de commentaires pour l’instant, je me contenais de reprendre mes esprits pour me reconcentrer sur nos cibles et partais à l’assaut des créatures volantes, puisque celles au sol n’avaient guère d’autres choix que de se faire mordre par le feu.

Je ne perdais pas une minute pour les tangos bleus. Je doutais que, face à la magie d’Axel, la leur éteigne le feu, mais je préférais ne pas prendre le risque tout de même que leur glace altère la technique du rouquin. Je prenais un léger élan pour bondir et trancher le plus proche, et enchaîner avec son copain juste à côté, mais l’un d’eux derrière moi était en train de préparer une magie de glace … que je sentais plutôt bien passer. C’est froid, c’est froid, c’est froid !! Tellement froid que la glace me faisait l’effet d’une morsure, qui aurait pu me paralyser temporairement si je n’avais pas été aussi tolérante face à la douleur. De plus, ce n’était pas plus mal qu’Axel ait chauffé le terrain, la température dissipait très vite ces sensations désagréables et je pouvais me venger en renvoyant cette vermine d’où elle venait.

Je pouvais très vite constater que l’un des atouts d’Axel par rapport à moi était sa rapidité, il enchaînait très vite ses attaques grâce à ses armes bizarres. Vu que les Heartless volants devenaient plus violents, j’allais lui prêter main forte, même si je ne passais pas inaperçue. L’un d’eux vint très vite à ma rencontre, mon regard se fit dur et j’attendais la dernière seconde pour lui attraper la tête, ma paume bien collée contre sa tête, et je chargeais à nouveau ma seule magie. Ardente, si brûlante, que la créature disparut. Je faisais une entaille sur le côté, en diagonale, avec mon épée, je savais qu’il y en avait un derrière, ils frappent de partout dans l’espoir de nous fatiguer, nous blesser, nous faire succomber. Mais à force de joindre nos efforts, le ménage avait été fait en grande partie. Les derniers au sol ne tardèrent pas à succomber. Bon, les tours de passe-passe d’Axel y étaient pour beaucoup et maintenant que c’était un peu plus calme, je pouvais commenter ! Et inutile d’attendre des compliments de ma part pour ce genre de choses, j’ai trop de fierté.

- Pffffff. Râlais-je en me tournant vers lui, croisant les bras en détournant le regard avec une moue boudeuse sur le visage. - Si ca se trouve avant que je ne perde la mémoire, je savais faire de bien meilleurs tours que toi !

J’en doutais mais c’était juste histoire de mettre mon grain de sel. Je finissais tout de même par tourner le regard dans sa direction avant d’étirer un sourire moqueur. Je me rapprochais non sans guetter dans les hauteurs pour voir trois Heartless volants prendre la fuite dans un portail ténébreux.

- Bon au moins, certains ont eu les chocottes. Mais les autres …

Je baissais les yeux pour regarder la griffure à mon épaule. Oh ca piquait, mais ce n’était pas la fin du monde non plus. C’était juste la preuve que, peu importe la cible, beaucoup de ces choses se plaisent à attaquer bêtement dans l’espoir de tuer la personne qu’ils ont visé. Pas de chance, mon cœur était encore là. Soupirant, je plantais mon épée dans le sol quelques instants pour sortir un nouveau ruban, noir, de ma poche arrière et me rattacher les cheveux de la même manière que tout à l’heure. Je reprenais ensuite mon arme dans la main droite, mais de la main gauche, je mimais un éventail comme pour m’aérer la figure.

- Ca va bientôt s’arrêter ? Ca tient un peu trop chaude à mon goût.

Ou alors il y avait encore d’autres ennemis qui se cachaient ?

Le ménage était fait, mais je restais quand même impressionnée du nombre de Heartless qui restaient, même après la horde qu’il y avait eu ici même quelques temps avant. De plus, il me suffisait de me plaindre un petit peu de la chaleur pour que les flammes disparaissent, ce mec n’était décidément pas à sous-estimer. Je me demande si je savais faire mieux que des boules de feu quand même avant de perdre la mémoire. C’était assez perturbant tout de même d’essayer de se souvenir, vainement.

Je restais sur mes gardes quand même pendant quelques secondes, mais puisqu’il n’y avait définitivement plus personne, je rangeais ma lame dans son fourreau avant de suivre Axel jusqu’à la porte du Deuxième Quartier. Oui, chose promise, chose due, pas le droit à l’arnaque ! Lorsqu’il me demanda quel genre d’endroits je voulais voir, je croisais les bras pour réfléchir, tout en faisant quelques pas lents. Il y avait tellement de possibilités, les gens d’ici racontent que chaque étoile dans le ciel représente un monde … mais il y a tellement d’étoiles, une infinité de mondes … Il pouvait y avoir de tout et n’importe quoi, du plus banal au plus inimaginable.

- Hum … Je n’ai même pas idée de ce à quoi ressemblent les autres mondes.

Un chaud ? Un froid ? Une ambiance triste et glauque ? Une ambiance joviale ? Peu habité ? Très fréquenté ? L’idéal, ce serait un monde plutôt bien peuplé. Attendez une minute. Axel a bien dit que peut-être « un monde qu’il connaissait » me conviendrait. Je m’arrêtais de marcher pour tourner la tête dans sa direction, le voilà qu’il s’était à nouveau caché derrière sa sombre capuche.

- Tu connais beaucoup de mondes ? Je pense qu’un monde très fréquenté me conviendrait, et optimiserait peut-être mes chances de retrouver des personnes que j’ai pu connaître.

Peut-être que je ne reconnaîtrai pas les dites personnes, mais l’inverse était probable non ? Je ne pense pas qu’on ait tous perdu la mémoire, la preuve, les gens d’ici se souviennent encore très bien de leur monde natal, comment ils y vivaient, la vie qu’ils y menaient, et comme il a été détruit. Une connaissance qui m'apercevrait me reconnaîtrait.

- Dans ce genre-là, qu’est-ce que tu connais ? Et me conseillerais ?

Voilà que je demandais des conseils à un parfait étranger. Lui donner seulement ca comme critère, ce ne serait peut-être pas évident, mais en savoir plus sur ce qu’il existait pourrait aussi m’aider à y voir plus clair, et voir ce qui m’inspirait le plus à visiter. Le truc maintenant, c’est qu’il ne m’embobine pas non plus.

Oui, un monde bien peuplé me conviendrait je pense. Ca optimiserait mes chances de retrouver des connaissances de mon monde natal, que j’avais oublié, mais même … Je pense que je me lasserai bien vite si j’étais dans un trou paumé. Je suis chiante, et j’ai un caractère de merde, certes, mais depuis que je suis ici, j’ai toujours été du genre à me sociabiliser. Je crois que j’ai peur de me retrouver toute seule en réalité. Axel disait qu’il connaissait beaucoup de mondes, et je le voyais réfléchir à celui qui conviendrait le mieux au critère que je lui avais donné.

Hollow Bastion, un nom qui sonnait bien sûr inconnu à mes oreilles. Un monde qui me rappellerait peut-être celui-ci en un sens, si ce n’est qu’il était peuplé par bien plus de Heartless qu’il disait … non sans ajouter une pointe de provocation sur le fait que j’avais peur de ces bestioles ! Forcément, ca ne faisait que peu de temps qu’on s’était rencontrés, mais il avait bien compris que j’avais un tempérament de feu. Ca ne loupa pas, je pris la mouche et plissai les yeux d’un air agacé ! Heureusement pour lui, l’apparition de son portail ténébreux me fit faire un sursaut de surprise. Ouah ! Bah ca on ne s’y attend pas du tout la première fois ! Puis il me demanda de confirmer la demande.

- Bah ! Je suppose que ca me conviendra, oui.

Je fixais sa main un instant, de toute évidence, il fallait que je la prenne. Je relevais les yeux pour essayer de percer à nouveau son regard au travers de sa capuche, un sourcil haussé, pour un regard qui se voulait suspect. De là, je lâchais enfin mon commentaire :

- Mais ne t’avises plus de sous-entendre que j’ai les chocottes devant des Heartless ! Je te rappelle que j’ai été prête à servir de bouclier pour protéger tes miches de ces machins. Je dénudais mon épaule en écartant ma veste pour lui montrer ma blessure avec un air – faussement – sérieux sur le visage. - Non mais regarde-moi ca ! Pfeuh ! Ingrat !

Je remontais ma veste, je reprenais bien vite mon sourire tout de même pour signifier que ce n’était pas grave. Je m’approchais à mon tour du portail, si j’hésitais quelques secondes par méfiance, je finissais par décider de faire confiance à Axel et j’attrapais lentement sa main pour me laisser guider. Mais était-ce vraiment nécessaire ?

- Hum. On est vraiment obligés de se tenir la main ? S’passe quoi si je lâche ? Je me fais désintégrer au cours du voyage ? Un truc comme ca ?

Bah, c’est bien de s’interroger non ? Outre des couples, les seules personnes que je vois se tenir la main sont un adulte qui guide un enfant ou … eh. Qu’il ne me prenne pas pour une gamine celui-là tiens !!

- Enfin … Je suppose que je devrais juste dire « merci ». On y va ?

J’avais hâte d’être de l’autre côté, et puis j’imagine qu’il avait autre chose à faire. J’avais obtenu ce que je voulais, je n’avais pas de raisons de le retenir plus longtemps.

Oui bon certes j’avais été blessée mais c’était le deal, il avait été respecté. Puis ce n’était pas une grosse blessure, s’il y avait vraiment des boutiques à Hollow Bastion, j’achèterai une potion et hop ! Ca guérira tout seul. Axel ne me répondit pas tout de suite au sujet de la traversée. Il attendait que je lui tienne bien la main et qu’on commence à s’engouffrer dans le portail pour me parler des ténèbres, et des conséquences … Oh, si je lui tenais la main, il arriverait à les éloigner ? Il était intrigant ce type, vraiment. Qui était-il réellement ? Je ne le saurai pas. Pas aujourd’hui. Au final, ce n’était pas le transport le plus sûr de l'univers – loin de là – mais c’était la seule chose que j’avais pour quitter la Ville de Traverse.

Je décidais de lui faire confiance même si je sentais mon rythme cardiaque s’accélérer une fois dans le néant. Bah ! Qui resterait indifférent dans un endroit pareil ? Ce n’est pas tous les jours qu’on voit une chose pareille. Peu importe où je tournais le regard, j’avais l’impression que quelque chose me surveillait … non, ca ne me surveillait pas. Ca me ciblait ! Machinalement, j’avais resserré la main d’Axel tout en calquant mon rythme de marche sur le sien. Il fallait presser le pas ! Même si j’ignorais s’il était pressé pour m’amener en un seul morceau de l’autre côté, ou parce qu’il avait envie de repartir tout seul !

Quoiqu’il en soit, après apparition d’un nouveau portail, je sentais une brise plus fraîche et plus rassurante. En levant les yeux, je ne manquais pas d’apercevoir l’imposante forteresse, qui était un peu … euh … « cassée » ? C’était l’œuvre des Heartless ? Axel a dit qu’il y en avait beaucoup ici, encore plus que dans la Ville de Traverse. Le guerrier des flammes me lâcha la main et à ce moment je baissais les yeux pour voir … que j’étais sur une muraille !? Hey !! Il n’aurait pas pu me déposer ailleurs non !? Je soupirais avant de me retourner pour lui faire la remarque, mais il s’apprêtait déjà à repartir, déclarant qu’on se reverrait. Un sourire se voulant provocateur se dessina sur mon visage, héhé, j’espère bien …

- Ouais c’est ca. J’y compte bien ! La prochaine fois qu’on se reverra, je ferai des flammes si grandes que tu seras vert de jalousie !

Pas de merci ni rien pour moi non plus, faut pas abuser, trop de fierté. Je levais toutefois la main pour l’agiter en signe d’au revoir alors qu’il s’enfonçait dans le portail pour disparaître à nouveau. Me revoilà toute seule. Bon, c’était sympa quand même. Il ne s’était pas montré trop loquace ni même super sociable, mais j’avais le sentiment qu’on pouvait quand même bien s’entendre. Mon arrivée ici était le fruit d’un marché entre nous qui avait été respecté des deux côtés mais quand bien même … je me sentais assez redevable en fait. Comme convenu, je me jurais de n’oublier ni son nom, ni son visage … Bah ! Un mec aussi svelte et avec une chevelure aussi pétante, ca se remarque à des kilomètres de toute façon, impossible d’oublier ca ! Bon allez Katty, trêves de bavardages … Je devais trouver un moyen de descendre d’ici, et d’explorer un peu les environs. Avec prudence toutefois, les Heartless n’étaient jamais bien loin.

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